J’attache Rubato à la barrière de la carrière et y pose aussi la selle. Je me retourne ensuite vers lui, tapis en main, et le pose délicatement sur son dos. Je pose ensuite la selle, attache la sangle sans trop serrer, puis m’attaque au filet. Rubato me regarde sans rien dire, intéresser même. Je détache la longe que je coince entre mon coude et lui met son licol en collier, afin de lui enfiler le filet. Il refuse d’ouvrir la bouche pendant quelques secondes, voulant sûrement voir si je vais céder ou non, puis admet qu’il a perdu. Je lui passe le filet par-dessus les oreilles, attaches tout et remet son toupet en place. Je le félicite, puis resserre la sangle. Bombe attaché sur mon crâne, je souffle un bon coup et monte sur le dos de l’équidé.

Il ne bouge pas le temps que je passe ma jambe du bon côté. Puis, quand j’ai fini de mettre mes pieds dans les étriers, je le sens s’agiter sous la selle. Il part au trot sans faire attention à moi, sûrement parce qu’il n’a pas été monté depuis longtemps. Calme et patiente, je resserre mes mains sur les rênes, met tout mon poids vers l’arrière et le fait s’arrêter. A bout de deux minutes, ils finit par s’immobiliser, et alors je me relâche. Mais aussitôt que mes doigts se desserrent, il repars. Je lui indique alors de nouveau de s'arrêter. Ce manège dure plus d'un quart d'heure jusqu'à ce que Rubato s'arrête assez longtemps pour que je puisse le féliciter. Je sais qu'il s’apprêtait à repartir, puisque il avait commencer à avancer sa jambe, mais j'avais de suite arrêter de le caresser et il n'avait pas bougé. Bon cheval.

Sachant qu'il a déjà été débourré, je décide de tester sa mémoire. Je presse son flanc de mes mollets et le félicite quand il pars au pas. Je le laisse marche en suivant les barrières pendant une minute puis le fait tourner. Je ne fais rien de bien compliqué : je coupe la carrière en sa largeur, en sa longueur, et fait aussi quelques diagonales. C'est tout. Puis je presse de nouveaux son flanc. Dans un léger bon, l'appaloosa par au trot. Je ne dit rien puisque il se calme de lui même. Je recommence alors à le diriger, incluant quelques petites transitions. Il est très réceptif, et ça me plait.

Je le fait repasser au pas pour ressangler un bon coup. Je le sens gonfler son ventre, et serre donc encore plus que prévu. Celui là alors. Il secoue la tête et fouette l'air de la queue avant de taper le sol de sa patte, agacé, et pour lui montrer que j'ai le dernier mot, je lui donne un léger coup de talon pour le faire passer au trop. Il commence à marcher, alors j’insiste, et ce jusqu'à ce qu'il daigne bien passer au trot. Mais sens bien que désormais, il est loin d'être réceptif. je dois donc en déduire qu'il était parti en vacance et que la colocation à reprise. Sans me démonter, je place l'équidé sur un grand cercle, place mes aides et le lance au galop. Il ne se fait pas attendre, mais au lieu de partir tranquillement au galop, il pars comme un fou furieux en ligne droite, fonçant vers la barrière. Pendant un instant, j'ai eu peur. Qui n'aurait pas eu peur à ma place ? Je l'imagine en train de sauter par dessus la barrière, ou bien essayer de me mettre à terre. Mais ma raison reprend bien vite le dessus.

Je serre mes doigts sur les rênes et l'oblige par la même occasion à baisser la tête. Ça ne l'arrête pas, mais maintenant j'ai plus de possibilité de mouvement. Il n'est plus tout à fait fermer. La barrière s'approche de plus en plus. Je relâche les rênes, m’accroche au pommeau et laisse Rubato gérer. La barrière est très grande. Il ne sautera pas, je le sais. Et en effet, l'hongre fait un arrête piler. Je suis à deux doigts de passer par dessus son encolure, mais au dernier moment, je lâche les rênes de ma main gauche et attrape l'arrière de la selle.

Le temps que Rubato sache quoi faire, j'ai le temps de reprendre mes rennes. L'appaloosa repars au galop dans l'autre sens. Toujours calme, je le force à tourner et le met sur un cercle. D'abord un grand, puis je le fait de plus en plus petit jusqu'à l'obliger à repasser au trot. Quand c'est fait, je reprend l'exercice de l'échauffement : le faire céder. je met bien un autre quart d'heure à réussir, mais au final, il ne tire plus sur le mors et est de nouveau attentif. Pour le féliciter, je le remet sur une ligne droite et lui rend les rênes. Je m'attendais à ce qu'il reparte au galop, mais il a bien compris que c'était beaucoup plus agréable de rester calme, alors il n'en fait rien.

Pour rester sur une bonne chose, je décide d'arrêter la séance ici. Je l'ai monté. Il n'y a pas de baisser. Tout est parfait. Je le fait s'arrêter, le félicite, met pieds à terre et nous rentrons.