Aussitôt sortis de l'écurie, voici que le regard sans vie du petit isabelle se teintait d'inquiétude, il hâtait le pas et hennissait sans cesses. J'avais beau me répéter que ça lui passerait après quelques jours ici, n'empêche que de me faire hennir puissamment dans les oreilles n'était pas ce que je préférais. Essayant de faire taire mon envie de le réprimander, je continuai à marcher droit devant vers l'espace bétonné qu'était la douche. Je l'y fit rentrer et, grand bien m'en pris, je gardai la longe en main plutôt que de le mettre à l'attache. Attendant pour qu'il se calme un peu, je continuai à lui parler, essayant de le toucher à l'épaule sans qu'il ne fuie mon contact. Enfin, étais-ce réellement mon contact qu'il fuyait? J'aurais parié qu'il essayait juste de se rassurer et de confirmer la présence de d"autres chevaux dans les environs.

Enfin, il sembla reprendre le calme et doucement, je me dirigeai vers la hausse. Si le bruit, au début, ne sembla pas l'inquiéter plus qu'autres chose, plus l'eau coulait, plus il semblait inquiet, mes douces paroles et mes petites chansons  ne semblaient en rien le calmer, son œil devenait blanc de peur (mais par rapport à quoi) et il semblait se recroqueviller sur lui-même. Il était à fleur de peau.

En quelques secondes, avant même que j'eus été en mesure de réagir, voilà que le ressort éclatait et il se propulsa d'un bond hors de la douche, un saut prodigieux, vous en conviendrez mais qui m'arracha la laisse, en même temps qu'un peu de peau. L'isabelle se réceptionna précipitamment sur le sol de béton, manquant perdre pied et la longe trainant le sol, il s'enfuit d'un galop effréné vers les écuries, disparaissant dans l'embrasure de la porte avant que je n'ai pu dire le moindre ouf.

Sans même fermer la hausse, me voilà qui volait à sa poursuite, pénétrant dans les écuries à sa recherche.