>>> Début au box.

Loula me suivant d'un bon pas, je l'amenais jusqu'à la carrière. Fort heureusement, elle était libre aujourd'hui. J'allais donc pouvoir lâcher ma ponette sans craindre qu'elle ne fasse peur à quelqu'un. Je rentrais, refermais la porte derrière moi, et enlevais la longe du licol. Au début, elle ne sembla pas vraiment comprendre, tournant sa tête sur le côté comme si elle s'interrogeait. Rigolant à moitié, je lui dit en désignant d'une main l'étendue de sable.
- Vas-y, ma belle ! Je te laisse un peu de liberté, estimes-toi heureuse ! Je ne suis pas certaine que tu ai souvent eu cette opportunité, à l'Arche...

Puis, reculant jusqu'à un plot en plastique, je m'assis dessus, bien décidée à faire comprendre à ma ponette qu'elle était libre de ses mouvements. Ce dernier geste eu l'air de faire effet, puisqu'elle fit demi-tour et partit au grand galop à l'autre bout de la carrière. Me fuyait-elle ? Pas vraiment. Elle était juste contente de se défouler. Sous prétexte qu'elle ne pouvait pas être montée, elle avait du rester des années dans un box, sortant peut-être une fois par mois pour se retrouver dans des paddocks noirs de boue. Alors qu'elle était si jolie, là, galopant joyeusement, crinière au vent !

Je l'observais, elle m'observait. Une bonne dizaine de mètres nous séparaient. Mais j'avais l'impression que ce n'était rien. Espiègle, elle me regardait dans les yeux. Avant de s'allonger doucement, et de se rouler copieusement dans le sable tendre de la carrière.
- Loula ! Je viens à peine de te brosser ! Eh bien, si c'est comme ça que tu me remercie de ma patience...

Décidément très intelligente, elle se releva, s'ébroua, et vint à ma rencontre. Le sable n'en avait visiblement pas profité pour tomber de sa robe... J'allais être bonne pour lui faire un second pansage quand nous rentrerions !
Nullement énervée et plutôt amusée, je mis une main dans ma poche, pour en ressortir une carotte. Taquine, elle la prit délicatement et s'éloigna pour la manger tranquillement. Si elle pensait que j'allais lui piquer sa friandise, elle se trompait sur tout la ligne ! Les carottes, je les gardait pour mes chevaux. A la limite, les pommes, parfois j'en grignotait une... Mais pas les carottes.

Assise sur mon plot depuis déjà une bonne demi-heure, je sentis deux-trois gouttes se frayer timidement un passage à travers la couche nuageuse. Eh bien ! Brusque changement de temps ! Voyant les gros nuages noirs s’amonceler et les gouttes se faire de moins en moins timides, je récupérais ma longe et allais chercher ma ponette.
Visiblement amusée de me faire courir sous la pluie, elle zigzagua pendant plusieurs minutes, avant de finalement me laisser la rattraper. La grondant d'une voix si légère que même moi je n'y croyais guère, je lui laissais tout de même manger la carotte qui l'avait attirée. Je lui passais donc la longe, puis sortis en vitesse de la carrière, ne voulant pas être mouillée plus que nécessaire...

>>> Retour au box.